LES "POLONAIS DE NAPOLEON"

Mise à jour du 03/12/2023. L'article complet se trouve désormais ici.


Entre 1815 et 1825, alors que l'Empire napoléonien vient de chuter, les registres d'Etat Civil de l'Oise, et dans une moindre mesure ceux de l'Aisne, font mention du mariage de plusieurs dizaines de polonais, établis en France en 1814 et 1815. A l'heure actuelle, le nombre exact de ces polonais est impossible à déterminer de façon exacte : les actes de mariage de 72 d'entre eux ont été retrouvés pour le seul département de l'Oise, et 17 pour le département de l'Aisne. On observe le même phénomène dans plusieurs autres départements (Marne, Seine-et-Marne, Val d'Oise, Eure, Eure-et-Loir, Yvelines, Paris, ...).



Le projet "Les polonais de Napoléon" vise à localiser et identifier les ressortissants polonais établis en France en 1814 et 1815 et à comprendre leurs conditions d'arrivée. Ces travaux feront l'objet d'une publication. Les quelques textes qui suivent visent à présenter succinctement l'état global de la recherche et certaines des sources documentaires disponibles.




Les "polonais de Napoléon" : qui sont-ils ?

Ces polonais sont pour la plupart d'anciens militaires (soldats et sous-officiers) engagés pour la France ou aux côtés de la France pendant les campagnes napoléonniennes. Les premières recherches montrent qu'ils se sont établis en France en 1814 et 1815 après avoir bénéficié d'un congé absolu, après avoir  déserté, après avoir refusé de repartir pour la Pologne alors que l'armée polonaise passait sous le contrôle de la Russie, ou tout simplement parce que, faits prisonniers de guerre à l'étranger, ils sont rentrés en France alors que leurs régiments étaient déjà repartis pour la Pologne. A l'époque où ils s'établissent en France, ils ont entre 33 ans et 18 ans.

En l'état actuel des recherches la plupart des régiments d'origine de ces polonais restent inconnus. Parmi les régiments identifiés :
  • les chevau-légers de la Garde Impériale (1er et 2ème régiments de chevau-légers de la Garde Impériale)
  • le troisième régiment d'éclaireurs attaché au 1er régiment de chevau-légers de la Garde Impériale
  • les lanciers de la Vistule (7ème et 8ème régiments de chevau-légers lanciers)
  • l'infanterie de la Vistule (4ème régiment d'infanterie de la légion de la Vistule)
  • certains régiments de l'Armée du Grand-Duché de Varsovie (13ème régiment de lancier)
  • on trouve également des mentions très génériques comme "déserteur de l'infanterie polonaise".

D'autres polonais étaient engagés contre la France et ont soit déserté les armées russes, autrichiennes ou prusiennes, ou ont été placés à la campagne chez des cultivateurs après avoir été faits prisonniers de guerre. Dans tous les cas, ils sont restés en France.
On connaît le cas de certains polonais, nés dans des parties de la Pologne sous domination russe, qui étaient engagés dans les armées russes. Il y a sans doute des exemples analogues de polonais engagés dans les armées autrichiennes et prussiennes.

Les départements de l'Oise et de l'Aisne, où ont été cantonnées des troupes et où se sont déroulés des combats pendant la compagne de France en 1814 sont vraisemblablement parmi les départements ayant accueilli le plus de réfugiés polonais à cette époque.

Les "polonais de Napoléon" : les origines

La Pologne du XVIIIème siècle, avant ses démantements successifs de 1772, 1793, 1795 puis 1815 représentait un territoire beaucoup plus vaste que la Pologne actuelle: la recherche vise également à identifier les lieux d'origine de ces polonais, qui ont souvent été déformés dans les documents français puisque transcrits phonétiquement. Parmi les lieux non identifiés dont sont originaires les polonais établis dans l'Oise et l'Aisne : Prétécow, Navatte province de Kiewi, Jonkei près Varsovie, Kelzen, Mezerotch en Pologne Russe, Elgove, Tumas, Loubly, Warkuc près Radomiez, Kinsova, Sauve près de Vitipsk en Pologne Russe, Loukachi près de Miska en Pologne Russe, Hevards dans le Grand-Duché de Varsovie, Kovals, Konaszovo gouvernement de Posen, Warchennes, Bérosse département de Wilno en Pologne Russe, Pivonne, Vronfowel en Pologne Russe, Andrésu, Calis en Pologne Russe, Coulitzi près Posen en Pologne, Nigem, Kerikien près de Varsovie, Ekimbourg, Hompis, Vacové, Corniva. 

Toute information sur l'identification et la localisation de ces lieux nous intéresse, afin de pouvoir cartographier les régions d'origine et de les corréler avec l'appartenance à l'armée de telle ou telle puissance.


Les "polonais de Napoléon" : sources 

L'acte de mariage :  dans le cas d'une recherche sur un polonais établi en France en 1814 et 1815, il est essentiel de localiser son acte de mariage. Cet acte mentionne généralement un lieu de naissance, une date de naissance (souvent approximative), une filiation. Le contexte de l'arrivée en France est rarement évoqué. En revanche, la plupart de ces polonais, afin de pallier au fait qu'ils ne pouvaient présenter leur acte de naissance, ont eu recours à l'établissement d'un acte de notoriété. Cet acte de notoriété, s'il a été rédigé, est mentionné dans l'acte de mariage (date et lieu de rédaction).

L'acte de notoriété: cet acte sert à pallier le défaut d'acte de naissance et de consentement des parents lors du mariage. Etabli devant le juge de paix du canton de résidence en présence de plusieurs témoins, il détaille souvent les circonstances d'arrivée en France. Lorsqu'ils sont suffisamment détaillés, ce sont généralement ces actes qui permettent de confirmer qu'il s'agit d'un polonais ayant combattu dans les armées napoléoniennes (ou non) et, le cas échéant, de connaître le nom du régiment. Dans certains cas, ces actes livrent même des "mini-biographies". Ces actes devaient être homologués devant le tribunal d'instance local: les archives des ces tribunaux sont donc une piste de recherche lorsque les archives des justices de paix sont lacunaires.

Les dossiers de naturalisation ou les certificats de non-naturalisation : une grande majorité des polonais établis en France en 1814 et 1815 n'a jamais cherché à se faire naturaliser. Dans le cas contraire, les dossiers de naturalisation doivent être cherchés aux Archives Nationales, via la base de données NAT, ou aux archives départementales en série M. En revanche, un grand nombre de descendants (enfants voire petits-enfants) de ces polonais ont cherché à obtenir, du fait des lois sur la nationalité, un certificat de non-naturalisation, qui leur permettait d'échapper à la conscription en tant qu'étranger (puisqu'enfant d'étranger - avant l'apparition de la notion de droit du sol). Ces certificats de non-naturalisation sont également à rechercher aux Archives Nationales via la base de données NAT.

Les archives militaires : il existe au Service Historique de l'Armée de Terre (SHAT) des registres de contrôle des troupes pour quelques troupes polonaises à la solde de la France : 1er régiment de chevau-légers lanciers de la Garde Impériale (série 20Yc) et 7ème/8ème régiments de chevau-légers lanciers de la Vistule (série 24Yc). Les registres matricules de l'infanterie de la légion de la Vistule ne sont pas conservés au SHAT.

Les dossiers de la Légion d'Honneur: certains de ces militaires se sont vus attribuer la Légion d'Honneur, par exemple François BRONISKI, Urban MALEZEWSKI et Martin OGONOWSKI, tous établis à Chantilly et ex-lanciers au premier régiment de chevau-légers de la Garde Impériale. Certains de ces dossiers sont consultables aux Archives Nationales, d'autres ont été détruits. La base de données LEONORE, disponible en ligne, contient le nom des "légionnaires" et propose l'accès à un certain nombre de dossiers numérisés.

La médaille de Sainte-Hélène : la médaille de Sainte-Hélène a été créée en 1857 par Napoléon III pour récompenser les anciens soldats encore vivants qui avaient combattu dans la Grande Armée. On estime à 405 000 le nombre de médaillés. Il existe une base de données (partielle - du fait de la destruction d'une partie des archives) en ligne, listant les médaillés. 


Listes-éclairs

Ces listes, classées par département, mentionnent tous les polonais de Napoléon qui ont pu être localisés à ce jour. A terme, le but est de mettre à la disposition des internautes une fiche individuelle par individu (exemple de la fiche de Nicolas KAMINSKI).

Département de l'Oise (88 personnes identifiées au 17/01/2012)
Evan ASTAP / Jacques BARASQUI / Louis BAYENSKY / Michel BIERNAIF / Jean-François BISISKY / André BOUSLET / Jean Joseph BRICK / François BRONISKI / Grégoire CHALAMON / Joseph DOMBROZE / Michel EVAN / André Grégoire EVANESSE / Joseph FERNAMBERT / André FRASSART / Joseph GAUDICHART / Pierre-Joseph GREGOIRE / André GREGORE / Alexis-Jean HATIFV / Evan ISTEPON / Pierre-Jacques IVANNE / Alexandre IWANOW / Jean JALOWITCH / Joseph JEAN / Jean JEDWCIESKI / Nicolas-Martial KAMINSKI / Maxime KAMSOLOW / Nicolas KATOSSKY / Jean KEIRE-ACCENIKOW / Yegor Maxime KIRILLE / Stanislas KLIESKI / Thomas KLINUSKI / Stanislas Auguste KRAIEWSKI / Nikita KUSMIN / Antoine KUSOSKY / Ignace LOUTSOUK / Nicolas LUTZEN / Urban MALEZEWSKI / Dobinet MAKAR / Joseph MALINOSKY / Vacile MARAZANO / Siméon MAXIMIN / Cyril MILTRICHT / François MINASSE / Marie NOKESKI / Martin OGONOWSKI / Siméon OSDENKEN / Joseph PEPLISKY / Jean PEREMAN / Joseph PAVLOW / Joseph PAVOSKY / Joseph PIKOVITZ / André POLASKY / Jospeh POLENSKY / Jean POLY / André François POTOSKY / Ivan PRECIAGENOUK / Joseph PROMINSKICQ / Charles Mathieu RADOMSKI / Joseph RAIMONSE / Frédéric REDIVONNE / Joseph-Constantin RICHARD / Jean RIDLEWSKY / Ivan SABALET / Joseph SABALOFF / Aimé SAFRAND / Conrad SARSOUCK / Frédéric SCHAKOSKY / Jean SCHLOSKY / Lavry SCHMENKO / Françis SIMON / Jean SREZEPANSKI / Alexandre STEPHANE / Mathieu STOPANE / Alexandre THERENTY / Joseph TINISKY / Théophile VACILLE / Grégoire VACILN NIFFLOS / Louis Michel VACILLE / Théophile VACILLE / Joseph VASILIOVSKY / Joseph VIDKOSKY / André WASSEL / André-Christophe WIEVANNE / André YVANCE / François YEMELLIAN / Panase YVANN / Jacob ZAZISKY

Département de l'Aisne
(22 personnes identifiées au 17/01/2012)
François Paul BOROSKI / Antoine BOSTOCK / Nicolas Jean Marie DUBROSKI /  André ELLINE / Basile HUPERT / Jacob IVORAWITZ / Jean JABLONOCASKY / Jean JIELINSKI / Onésime JOKOWSKY / André KARARESK / Amand KOKANOSKY / Alexis KUSMITZ / Zacharie LEBEDIO / Théodore LEICHTECK / Jean PLEKCOSKY / Joseph ROBINSKY / Rémy Grégor RUMCHAN / Grégoriste SACOW / Courton SAVIGNY / Jean SAVISKY / Alexandre VISCHNIESKY / André YASINSKY

Département de la Seine-et-Marne
(13 personnes identifiées au 09/09/2011)
Jean CHUCHROWSKI / Félix CONSTANTIN / Joseph DARNOSKY / Jacob DOMBROWSKY / Maurice Lazare DOROFEW /  Ignace KOLISCHENKO / Jean SANSDOIGT / Théodore SINCKAVE / François TAMOULIN / Alexis François THOMAS / Jean VAVRESKY / Nicolas YVONNET /  Thomas WASSET 

Département de la Marne (13 personnes identifiées au 10/09/2011)
Antoine BARON dit BAZINSKY / Pierre GRELONSKY / Jean HORDLINSKY / Joseph Thomas KAMINSKI / Thomas KAZULSKY / Antoine KOURBECK / Antoine LUKASIERWIEZ / Alexis MAXIN / Jean RABISKY / Pierre SLIWINSKY / Barthélémy ROSINSKY / André THOMASKY / Jean-Baptiste YORINSKY

Département des Yvelines (12 personnes identifiées au 09/09/2011)
François BAGDATCHE / François BARON / Charles CHAPAUVA / Siméon CHEN / Louis Maxime CRIGENOVSKY / Antoine LISIOSKI / Antoine PELEPTCHOUX / Thomas RODEVITCH / Casimir SACAVIN / Jean SINKEWIEZ / Valentin SZIMEZAKOW / Joseph TERNASKI

Département du Val d'Oise (8 personnes identifiées au 18/11/2011)
Joseph CELESKY / Joseph FILIPOWIEZ / Paul JUKOWSKY / Basile KLAPSINOSKI / François KRASENSKY / Ivan LIAMOFFE / / Etienne RUDNICKI / Prosper RYBEZINSKI

Département de l'Eure (
5 personnes identifiées au 09/09/2011)
Sébastien FURGON / Adalbert GREK / Joseph Frédéric YLUSKUK / Jean YVAN / Philippe YVANOFF

Département de l'Eure-et-Loir (1 personne identifiée au 09/09/2011)
Joseph CHIRASCOSKI


Perdus de vue

Département de l'Oise

1. Une liste de déserteurs et prisonniers de guerre présents dans le département de l'Oise en 1816 mentionne les individus suivants, de nationalité polonaise, qui n'ont pu être localisés par la suite :  Yvann BOURDON (Pronleroy), Vacile CHIERNASKI (Beauvais), Ivann DUMONT (Carlepont), Aupt FREDRICH (Creil)
, François JEAN (Nampcel), Simon KASLOW (Ully-Saint-Georges), Joseph KEILLER (Sainte-Geneviève), Nicolas LOUQUIANE (Tricot), Baptiste NICOLAS (Jonquières), Thomas PETROUSKI (Senais), Joseph ROUBLEWSKI (Clairoix), Mathieu CHLAPINSKI (Montjavoult), Michel SIMON (Béthisy Saint-Martin), François-Dominique SOKOLOSKI (La Neuville sur Ressons), Jean SOKOLOSKI (Etouy), François TEUCHERSKI (Ully-Saint-Georges), Serguei TOMKOV (Varennes), Yvan VACILE (Bornel), Joseph VOCHE (Pierrefonds), Petro YEMELIAN (Bornel), Romain ZAKARSCHOUK (Noyers).


Toute information à leur sujet est la bienvenue.


Appel à contributions

Si vous rencontrez lors de recherches historiques ou généalogiques un "polonais de Napoléon", si vous disposez de documents sur l'un de vos ancêtres qui serait un "polonais de Napoléon", si vous souhaitez nous rapporter la "légende" familiale liée à votre ancêtre polonais, vous pouvez nous contacter à l'adresse suivante : laurent.kokanosky(at)gmail.com / emmanuelle.phan(at)gmail.com. N'hésitez pas non plus à nous contacter si vous souhaitez avoir plus d'informations sur l'un des personnages mentionné dans les listes-éclair ci-dessus : nous rassemblons petit à petit actes d'Etat-Civil, actes de notoriété et documents annexes les concernant.

Laurent KOKANOSKY et Emmanuelle PHAN.
Page mise à jour le 17/01/2012.